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Cloudy au pays des Nuages
Cloudy au pays des Nuages
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3 août 2010

Du haut de ma tour

Je travaille dans une petite tour, d’un quartier dit sensible.

Un quartier dit sensible, c’est un quartier, étiqueté Z (Z de zone franche urbaine, zone sensible urbaine, zone de revitalisation urbaine).

Le quartier Z se caractérise par une population précarisée, un taux de chômage qui frise l’indécence et des taux de délinquance et de déscolarisation qui donnent des boutons au petit monsieur qui nous gouverne.

Dans mon quartier Z divers petits et grands trafics se jouent, souvent la nuit, parfois en plein jour. C’est un quartier qui n’a pas la cote. D’ailleurs, il n’est pas rare que différents services de police se promènent et procèdent à des contrôles inopinés d’ampleur… qui tombent quelquefois sur les bonnes personnes.

Sur le parking duquel on a vue sur la tour (ou sur lequel trône la tour, c’est selon), on raye de temps en temps les voitures en signe de protestation, voire les jours de grande révolte, on y pisse dessus.

Point de verdure autour du parking, non, plutôt des constellations ici et là de détritus, des cannettes de bière ou des cartons siglés du M de Mc Do. Une fois par an (c’est une institution) les poubelles brûlent. On a fini par s’habituer.

Les portes qui mènent à la petite tour ont été fracassées, de même que la grille en fer. Les assurances ont bien été averties mais elles mettent du temps à intervenir, sans doute jugent-elles qu’il n’y a pas d’urgence.

Alors, de fait, la cage d’escalier est squattée, jamais en pleine journée évidemment (le squatteur est malin, ou frileux ?!). Au petit matin, lorsqu’il nous faut gagner nos bureaux aux fenêtres à barreaux, on slalome entre les petits pipis et gros cacas dans les escaliers (un vrai bonheur à cette heure).

Entre deux couches de peinture fleurissent des tags, de l’acabit suivant « Fuck la police, Paula m’a taillé une pipe, à 2 h 45 ici même » (oui de la grande littérature).

Tout ça pour quoi me direz vous ?

Sans écho aucun avec l’actualité (je précise), de mon côté, je suis fatiguée.

Qu’on dégrade le bien public.

Un bien qui par définition sert et peut aider tout un chacun-e.

Je vais le traduire autrement : si tu t’emmerdes et que tu n’a rien d’autre à foutre que de tagger des murs connard, saches que c’est avec le pognon durement gagné de tes parents qu’on va payer !

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Commentaires
M
Parfois il faut effectivement utiliser ce genre de langage pour se faire comprendre.
C
Mon univers est très protégé, tant au niveau personnel que professionnel. Je n'ai pas à raser les murs, oui "la banlieue" ou "les quartiers sensibles" (dans les 2 cas ces définitions me déplaisent) sont difficiles mais crois je n'ai surtout pas à être admirer loin de là. et puis nous avons chaun-e nos ressources qui font que face à la difficulté on se révèle. Tu ferais de même !<br /> Des bises à toi Chère Anne et bien des pensées.
A
Comme je me sens loin et protégée dans ma campagne choisie, si loin de cette violence quotidienne qui me terrorise, moi qui ne saurait sans doute pas raser les murs et me taire, moi qui défend à corps et à cri le respect des autres, des biens et de la vie tout simplement.<br /> Je t'admire d'autant plus pour ce que tu fais, car en toute honnêteté je me sais incapable d'en faire autant.<br /> Bonne journée ma Cloudy, gros bisous doux pour toi
C
Oups.<br /> Voilà un nouveau débat auquel je ne souhaite pas donner corps. Ni ici, ni ailleurs.<br /> Je parle de moi, de ce que je connais et maitrise à mon niveau, de mon ressenti. Rien de plus. Ce blog n'est pas un étendard, il parle juste de moi, de ma petite vie personnelle et professionnelle, de ma vision des choses et de ma pratique de terrain, voilà tout.
K
Moi non plus et je partage ton opinion. Mais les gangs du milieu s'en servent pour vendre drogue, armes et produits volés. Je ne cautionne pas non plus. <br /> Les politiciens se servent de ce qui se passe pour faire du tout sécuritaire, en particulier Sarkozy.<br /> C'est le chômage la cause de ces problèmes. C'est mon avis. Je suis également pour la lutte contre le banditisme. La mafia doit disparaître. <br /> J'aimerais bien qu'un parti s'intéresse un peu au désespoir des gens. Parce qu'on parle souvent des jeunes, mais on ne différencie pas les jeunes qui sont normaux et qui ne demande rien (qui ont d'ailleurs aussi peur que les adultes). <br /> Tu fais bien de parler des gens aussi. Raser les murs pour rentrer chez soi, ce n'est pas une vie.<br /> Voilà, je pense que nous sommes d'accord sur ce point. En fait, j'étais d'accord sur plusieurs points, mais je persiste à dire que la misère et le désespoir d'être abandonné est un des liens très fort de ce qui se passe actuellement dans notre pays. Et je sais de quoi, je parle, parce que j'y ai habité dans ces banlieues. ;)<br /> à bientôt.
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