Du haut de ma tour
Je travaille dans une petite tour, d’un quartier dit sensible.
Un quartier dit sensible, c’est un quartier, étiqueté Z (Z de zone franche urbaine, zone sensible urbaine, zone de revitalisation urbaine).
Le quartier Z se caractérise par une population précarisée, un taux de chômage qui frise l’indécence et des taux de délinquance et de déscolarisation qui donnent des boutons au petit monsieur qui nous gouverne.
Dans mon quartier Z divers petits et grands trafics se jouent, souvent la nuit, parfois en plein jour. C’est un quartier qui n’a pas la cote. D’ailleurs, il n’est pas rare que différents services de police se promènent et procèdent à des contrôles inopinés d’ampleur… qui tombent quelquefois sur les bonnes personnes.
Sur le parking duquel on a vue sur la tour (ou sur lequel trône la tour, c’est selon), on raye de temps en temps les voitures en signe de protestation, voire les jours de grande révolte, on y pisse dessus.
Point de verdure autour du parking, non, plutôt des constellations ici et là de détritus, des cannettes de bière ou des cartons siglés du M de Mc Do. Une fois par an (c’est une institution) les poubelles brûlent. On a fini par s’habituer.
Les portes qui mènent à la petite tour ont été fracassées, de même que la grille en fer. Les assurances ont bien été averties mais elles mettent du temps à intervenir, sans doute jugent-elles qu’il n’y a pas d’urgence.
Alors, de fait, la cage d’escalier est squattée, jamais en pleine journée évidemment (le squatteur est malin, ou frileux ?!). Au petit matin, lorsqu’il nous faut gagner nos bureaux aux fenêtres à barreaux, on slalome entre les petits pipis et gros cacas dans les escaliers (un vrai bonheur à cette heure).
Entre deux couches de peinture fleurissent des tags, de l’acabit suivant « Fuck la police, Paula m’a taillé une pipe, à 2 h 45 ici même » (oui de la grande littérature).
Tout ça pour quoi me direz vous ?
Sans écho aucun avec l’actualité (je précise), de mon côté, je suis fatiguée.
Qu’on dégrade le bien public.
Un bien qui par définition sert et peut aider tout un chacun-e.
Je vais le traduire autrement : si tu t’emmerdes et que tu n’a rien d’autre à foutre que de tagger des murs connard, saches que c’est avec le pognon durement gagné de tes parents qu’on va payer !
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