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Cloudy au pays des Nuages
Cloudy au pays des Nuages
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5 décembre 2010

Deux mille 10

Il a neigé fort et dru, longtemps.

Je me suis énervée contre cet épais manteau de neige, j’ai pensé à toutes les complications que cela allait engendrer. Déneiger, pelleter, ne pas pouvoir emprunter certains axes. En un mot être un peu privée de liberté. Pour moi, la neige n’est belle qu’en montagne. Lorsqu’elle recouvre harmonieusement champs et arbres, immaculée, scintillante. Rien à voir avec la boue des villes, les rebords des routes noircies, la dangerosité qu’elle représente parfois.

Puis j’ai pensé à ce quelle produisait sur moi enfant. Un mélange d’excitation et d’émerveillement. Je me rappelle avoir passé des après midis entières devant la cheminée calée dans mon fauteuil, allant de temps à autre me poster devant la fenêtre et voir la couche blanche s’épaissir au fur et à mesure. Le signe pour moi que le Père Noël n’allait pas tarder à arriver…

Cette année, elle annonce la fin imminente de l’année et je n’en suis pas mécontente. Car pour moi elle n’a pas été et à bien des égards des plus agréables. Je n’en retire rien de grand, rien de très positif, sinon la curieuse impression de m’être laissée.

De m’être oubliée, au détour d’un chemin, à moins que cela soit sur une aire d’autoroute tant il m’a semblé que le monde était en mouvement autour de moi, dans une fulgurance, tandis que je stagnais. J’ai vécu un épisode de déprime, long et important que je n’ai pas su reconnaître et traiter à temps. Lorsque enfin je me suis décidée à regarder les choses en face, il était un peu tard, je m’étais déjà fait beaucoup de mal….

En 2010, j’ai oublié tous les principes du bien manger.

J’ai envoyé valdinguer 5 années de lutte pour ne pas reprendre les 15 kg que j’avais difficilement perdus. Encore une fois corps et esprit sont entrés dans une lutte sans merci. Aujourd’hui, la presse se fait l’écho de ces processus dévastateurs : des années de régime et de privations qui ne rendent que plus malades tant de l’âme que du corps et font reprendre encore plus de poids. J’ai perdu toute forme d’envie et de motivation, je ne me sens pas de taille pour lutter. Pathétiquement, car il n’y a pas d’autre mot je crois, mon corps reprend le dessus. Je le regarde changer à nouveau, se strier ici et là, grincer, se tendre, les hanches qui s’enveloppent, le double menton qui réapparaît et ces affreuses joues de poupées russes qui me sont insupportables, les seins qui font mal et ressemblent à des obus difformes.

Me regarder me fait mal. Je renoue avec cette sensation, le sentiment schizophrénique que mon corps ne peut pas refléter mon âme qu’ils ne sont pas accordés, qu’ils ne vont pas ensemble. Je ne suis pas, je ne peut pas être cette femme, dans ce corps là. Je me reconnais tellement peu que je me suis laissée dans ma coquetterie, dans la joie de m’habiller, de m’acheter de belles fringues. Ne rentrant plus dans une grande majorité de mes vêtements, je les ai donnés ou vendus. Je me néglige, je m’enfonce.

La guerre contre le poids est une lutte sans fin. J’ai beaucoup lu sur la question, beaucoup échangé aussi avec des spécialistes et je me désole de n’avoir encore rien résolu.

En 2010, j’ai navigué à vue au travail.

Au niveau des personnes accompagnées, au niveau des projets que j’ai pu mettre en place, au niveau des compétences et objectifs à atteindre. Là encore, le maître mot est celui de la démotivation. Individuellement ou en petit comité nous fonctionnons plutôt bien mais en grand groupe nous nous déchirons, incapables non pas de travailler ensemble mais de cohabiter. Nos rapports sont tendus, faits de non dits, de reproches que nous ne formulons jamais de peur de nous affronter. Nous maintenons un fonctionnement bancale, car au fond la maison tourne et qu’ainsi chacun se protège du mieux qu’il peut. Le management et plus largement la vie d’une organisation, d’une équipe ne sont pas choses aisées. Il faut diplomatie, finesse et droiture pour vivre en bonne harmonie, ce dont nous sommes dépourvus.

Puis, j’en arrive à un autre constat, celui que les pratiques des collectivités locales sont à 1000 lieux de ce qui se passe dans le secteur privé. « On » a parlé un jour du mammouth, je m’étais insurgée. Mais pour travailler en collectivités depuis plus de 10 ans, je dresse le même constat. Il faut dégraisser, remuer le cocotier, injecter des énergies nouvelles, cohérentes, porteuses de sens et éthiques. On en est loin. Très loin. Vaste débat, impossible à développer ici, je donnerai un autre exemple auquel je me heurte au quotidien, le plus criant à mes yeux : Le Pôle emploi.

Le Pôle emploi qui a mis en place un numéro unique et payant, le 3949. Difficile à joindre pour les personnes en difficulté avec la langue françaises, nationaux et étrangers. Les offres d’emploi qui ne sont plus affichées, il faut faire la queue pour aller sur internet, lorsque les postes informatiques sont en état de marche. Si tu te débrouilles tout-e seul-e c’est bien. Sinon, il faut attendre qu’un conseiller ou une âme charitable vienne te dépatouiller. La vocation du pôle emploi n’est elle pas d’accompagner les demandeurs ? Si. Mais au lieu de cela elle investi dans un nouveau logo et dans une fusion qui coûte des milliards. Et comme elle n’a plus le temps d’accompagner elle fait appel à des prestataires extérieurs pour faire du placement, dont les services (parfois contestables) coûtent aussi des sommes considérables.

Un service public vidé de son essence et qui se mord la queue…

En 2010, j’ai éprouvé une nouvelle forme de solitude. Je me suis retrouvée, presque du jour au lendemain sans amitié forte et vraie. Des connaissances, des copines, oui. Pour aller boutiquer, boire un verre, aller au ciné. Mais rien de profond qui fait que l’on se parle à cœur ouvert et que l’on grandit ensemble. Faire son auto critique, se retrouver face à soi même n’est pas chose aisée. Cela l’est d’autant moins pour moi car je suis timide, que le processus d’approche, de familiarisation et souvent long et difficile, je suis un peu sauvage, méfiante.

J’ai à me laisser approcher, à approcher, à reconstruire. La perspective de la solitude me terrifie parfois.

En 2010, j’ai voulu créer autrement.

M’ouvrir à des pratiques nouvelles, prendre soin de moi, m’enrichir. Mais je n’ai pas vraiment réussi. J’ai cherché des ateliers, des pratiques, les bonnes personnes. En vain. Apprendre seule, à écrire autrement, à pratiquer la méditation, s’associer pour monter un projet auront été autant d’éléments sur lesquels je n’ai pas réussi à avancer alors qu’ils me tenaient à cœur. J’ai laissé filé. Je poursuis mes recherches et tente de transformer, encore, l’essai pour que des choses bougent en 2011 et qu’enfin elles prennent corps.

En 2010, j’ai envoyé des lettres.

Des bouteilles à la mer. Pour dire, faire évoluer mais faire taire aussi. Cet amer. En vain. En tout cas, la bouteille ne m’est pas encore revenue. Elle vogue encore sur des eaux agitées. Fille unique, mon histoire d’enfant est un brin heurtée. Elevée ailleurs, par d’autres, dans une famille qui m’a fait sienne tandis que la mienne avait grand peine à faire avec moi. Je sais que je ne suis pas complètement réparée de cela. Cet océan qui me sépare de mon père, les non relations avec le clan paternel, une partie de la famille dont je rejette les figures et les valeurs.

J’aurais appris que pour être une adulte qui tient droit sur ses deux jambes, il faut savoir pardonner. Mais il y a encore beaucoup trop d’enfant en moi, une enfant qui ne peut pas oubliée, trop blessée des moqueries dont j’ai fait l’objet au sein de ma propre famille, les vexations. Je n’ai pas fait ce pas et me traîne encore comme un boulet le syndrome de l’enfant abandonnée.

En 2010, j’ai appris à aimer vraiment.

Enfin je crois, j’espère. Je prends mes marques dans mon couple, j’apprivoise l’être aimé et la situation qui est la nôtre, qui elle non plus n’est pas toujours aisée, quoique plaisante. Elle fait de moi une voyageuse, une « week endeuse ». Ce que j’ai toujours rêvé d’être. Je réfléchis longtemps pour faire ma petite valise et je pars emplie du bonheur de le retrouver, « à la capitale ».

Voilà un an et demi que nous explorons cette manière de fonctionner, de vivre à deux. J’aime le bonheur et la fraîcheur des retrouvailles, la reconstruction perpétuelle, notre histoire qui se construit lentement alors qu’elle m’a semblé partir très vite. J’aime aimer, l’aimer lui, tant sa personne est à multi facettes, toujours à redécouvrir, pleine de richesses, de douceurs, un cadeau.

Bien que l’amour produit chez moi des effets paralysants. La peur du manque, la gestion du manque, la peur de trop aimée et de ne pas l’être assez, la peur de mal dire, de ne pas savoir faire, que ça s’arrête...

Et pourtant, dans notre histoire souffle un vent de légèreté, un quelque chose que je me surprends parfois à regarder flotter, avec délectation et grand bonheur. Sans conteste, il aura été une des raisons qui m’auront fait tenir cette année.

Je travaille encore à être cette femme que je souhaite devenir et que je ne suis pas encore. Une femme plus ouverte, plus tolérante, plus en accords avec elle même. Une femme qui sait. Qui elle est, où elle en est, plus légère, plus libre. Je l’ai sensation de n’avoir pas encore scié toutes les chaînes, tout ce qui me retient. Il me faut avancer pour y parvenir.

Je vous quitte ici, émue, la larme à l’œil, sur une note douce amère. Cloudy se referme un dimanche après 5 années d’écriture, de partage, d’échangessi riches, si importants pour moi, des rencontres.

Les nuages ne sont pas totalement dispersés, bien qu’il y ait du shiny qui couve. Des envies, des besoins, des rêves. Du à construire, à faire, à réaliser. Bientôt.

Je vous emmène.

Merci…

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Commentaires
G
Reviendez vite, Cloudy ! Et puis, puisque c'est à la mode, "Bonne Année !" ça ne peut pas faire de mal après tout. Amicalement.
M
Joyeux Noël ;)<br /> Je pars quelques jours :) A bientôt ! ;)
L
Un clin d'œil et ... <br /> Prends attention à toi ma chérie. <br /> (prends soin, fais attention, sois à ton écoute)<br /> <br /> Je t'embrasse fort, et... <br /> <br /> ... Merci. <br /> Du fond du cœur.
A
Et bien moi aussi j'ai la larme à l'œil en te lisant......Je me reconnais encore en te lisant sur tant de sujets !!<br /> J'ai moi aussi cru en te lisant à un retour, c'est ton choix, il faudra s'y faire même si cela me rend triste, j'espère juste rester en contact avec toi, avoir de tes nouvelles.<br /> Gros bisous doux (et tristes aussi)<br /> A très vite
F
Merci pour ces quelques années de lecture déléctables à souhait.<br /> <br /> Bon vent Cloudy, sois heureuse :)
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