Sunglasses
Ca sonne comme une évidence.
Regarder le monde et ses réalités avec d’autres yeux. Y mettre un peu de soleil, de l’objectivité et surtout beaucoup de recul.
C’est vrai. Je sais que c’est vrai. Je le sais d’autant mieux que chaque jour c’est l’exercice auquel je me prête avec les personnes que j’accompagne : non la période de chômage n’est pas dramatique, oui il faut être méthodique et organisé, non les patrons ne sont pas tous des salauds, oui vous avez des compétences, oui vous êtes une personne de qualité…
Quoique dans mon cas, il s’agirait plutôt d’une rééducation.
Car, en effet, j’ai souvent tendance à voir le verre à moitié vide, toujours en quête de perfection et d’absolu.
Voilà plus de deux mois que je me sens enlisée. Je cherche un équilibre.
Chaque jour, je me surprends à osciller entre le rire et les larmes.
J’échafaude des plans, des projets, que je laisse irrémédiablement tomber.
J’ai envie de voir du monde et le monde me fatigue.
J’ai envie de discuter à bâtons rompus, de tout et de rien. Et puis lorsque l’occasion se présente, je me mets en mode écoute car tout me semble trop lointain.
Je rêve de dormir mais le sommeil m’angoisse.
J’ai envie de quitter mon travail, comme 15 fois par an. Sous le prétexte que je me sens obligée de faire des choses avec lesquelles je ne suis pas en phase, sous le prétexte que je ne supporte plus cette chape de plomb hypocrite au travail. Mais n’est ce pas un peu partout pareil, chaque emploi n’a-t-il pas son lot de contraintes et son lot de collaborateurs avec lesquels on s’entend plus ou moins ?
Et puis vaste question : pour faire quoi d’autre ?
J’ai envie de changer de décor, m’éloigner, tout recommencer, mais pour aller où ?
Alors quoi ? Est ce le besoin de vacances ? Ou juste que je vais mal ?
Il y a des moments où il faut regarder la réalité en face, s’avouer que l’on a (peut être) besoin d’aide.
Je ne sais pas. Quoique si. J’ai une petite idée.
L’absence de sommeil, les crises de panique, la prise de poids, la cohabitation douloureuse avec le corps, l’émotivité exacerbée, l’absence totale de prise de recul, l’envie de tout envoyer balader du travail en passant par la garde robe jusqu’aux relations et la famille.
Oui tout ça veut bien dire quelque chose.
Et il me faudra lever des voiles si je ne veux pas faire peser tout ça sur des épaules qui ne sont pas les miennes…
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