Mode "bonheur"
La mélancolie me rattrape souvent, bien plus que je ne voudrais. Il suffit de bien peu de choses pour me faire basculer du côté obscur. Je tente de me défaire de mes vieux schémas pour apprendre à apprécier les instants, les déguster à leur juste valeur.
Alors pour mettre fin à ces instants de troubles et de désarroi, je mets en « mode bonheur » et en ce dimanche, je célèbre les meilleurs instants de cette semaine passée.
Lundi
RDV de travail avec cette femme, une référence sur le territoire, pour prendre de l’info sur l’illettrisme en emploi. Je souhaite monter un projet sur la question, mais je me cogne aux résistances institutionnelles. Elle m’insuffle de l’énergie et de la colère aussi face à la situation actuelle.
La colère qui a toujours été le moteur des nombreux projets que j’ai eu à monter à ce jour. La colère, mon carburant pour avancer.
Une belle rencontre.
Mardi
Je déjeune avec cette nouvelle collègue que je ne cesse de découvrir. Comme il est troublant parfois de se reconnaître si parfaitement dans l’autre. Ses croyances, ses valeurs, ses peurs, ses espoirs. Nous avons commencé par nous échanger des livres, à mettre en place une action commune pour nos publics.
Et puis, notre relation a pris un tournant plus intime le jour où elle m’a avoué, comme moi, être boulimique. Depuis lors, nous nous regardons différemment, avec douceur, avec respect.
Notre quotidien de travail est désormais ponctué de ces petites choses imperceptibles que les femmes savent mettre en place parfois. Comme pour dire « je sais ».
Une belle découverte.
Mercredi
Elle m’a laissé un message proche du désespoir. Pour me dire qu’elle a subi sur son lieu de travail une agression et qu’elle n’arrive pas à remonter la pente. Elle est pour moi l’exemple parfait du roc, de la self-made woman. Je l’admire professionnellement, elle qui a su monter sa boite dans le quartier de le plus chaud de ma grande ville ; je l’admire personnellement, pour la beauté de son âme, la bonté de son cœur.
Je la trouve très amoindrie, petit oiseau fragile, bouleversante avec ses larmes qui ne cessent de couler. Les larmes qui disent la peur, la déception, l’échec.
Une autre.
Et pourtant, comme a son habitude, elle trouve le ressort nécessaire pour s’inquiéter de moi, de mon Namoureux, de ma life…
Comme je me sens petite et impuissante.
Jeudi
Meilleure Amie et moi veillons l’une sur l’autre comme la poule sur ses œufs (j’ai pas trouvé mieux comme image). Je me demande toujours comment elle fait pour savoir… que je pique un peu du nez et que j’ai besoin d’être écoutée, pour déposer mes maux/mots, ma colère. Tout ça pour mieux repartir.
Incontestablement l’une des femmes de ma vie.
Samedi
C’est la journée Maman. Nous prenons le petit déjeuner ensemble, entre filles, dans la grande cuisine. Pain chaud qui saute du toaster, café, confiture maison et blablatage. Puis nous partons pour boutiquer. Elle insiste pour « compléter » mon anniversaire, pour que j’ai un cadeau « palpable », qui me reste. Ce sera un sac (oui bon le 74ème, mais qu’importe). Celui là sera spécial, puisqu’il s’agit de celui des 35 ans. Forcément. Puis nous filons au resto, parenthèse de papotinage mère / fille, femme / femme.
Douce Maman qui a besoin de faire le bonheur des autres, le mien en particulier, tout le temps, comme une promesse faite à la vie.