Des voix
J’avais tout prévu, tout imaginé dans ma tête.
Rester chez moi, au chaud. Tenter de dormir tard, lire, commencer mes cartes de Noël. Prendre du temps pour moi, loin du bruit.
Mais les événements prennent rarement la tournure que je souhaite.
Je vous explique :
Je suis proche de l’aphonie, je suis en train de perdre ma voix. Je m’exprime avec un mince filet, qui vient de loin.
Malgré cela, mon médecin ne m’a pas signé un arrêt de travail. Prise de la tension, pesage, liste d’antibiotiques et hop ! Je suis loin d’en abuser pourtant. Mais elle me trouve « opérationnelle ». Lorsqu’elle l’a dit, je n’ai pas insisté. En effet, je suis opérationnelle.
A l’exception près que la voix est l’un de mes (principaux) outils de travail. Lorsque je ne suis pas en face à face, je suis pendue au téléphone. Je voulais du silence… Il s’impose à moi de façon inattendue.
Face à ce silence, différents types de réactions.
Les personnes que je connais bien et avec lesquelles je travaille depuis quelques temps, me dressent le compte rendu de leur semaine écoulée et les démarches entreprises, puisque la plupart du temps c’est ainsi que je fonctionne. Les bavards en profitent, certains même noient le poisson.
Les timides qui voudraient bien mais qui ne peuvent point. Je fais alors des phrases courtes, je tente d’aller à ce que je crois être l’essentiel.
Et puis il y aune petite partie de personne pour lesquelles cela semble vraiment difficile. Pensent-elles que parce que je parle peu, je ne suis pas capable d’écouter ? Elles ont besoin d’être rassurées, d’avoir des conseils et mon économie de mots semble les gêner.
Chacun agit et réagit différemment avec le silence. Pourtant, il se passe beaucoup de choses dans le silence et même, il se dit des choses. J’aime observer ces moments. Ce qui se joue alors dans le regard, la posture prise par le corps et ce que l’on met en place pour déjouer ce vide. On sourit, on se gratte, on farfouille dans son sac, on soupire. Le silence, parle de nous de qui nous sommes, de ce que nous mettons dans la relation à l’autre.
Le silence comme une révélation…