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Cloudy au pays des Nuages
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19 novembre 2006

La mort des rêves

J’ai fait le rêve d’avoir un vrai travail. Intéressant, que j’aurais toujours plaisir à exercer, qui me ferait grandir.

Un travail qui ferait de moi le maillon d’une grande chaîne, qui me permettrait à mon niveau d’apporter une pierre à l’édifice, de faire avancer les choses.

Au lieu de cela, je ne peux qu’appliquer des mesures et dans un certain sens cautionner le système.

Je suis une exécutante, mon avis n’a que peu d’importance et mes remarques concernant certains dysfonctionnements ne sont pas relayées. Lorsqu’elles le sont, elles ne sont pas prises en compte. Trop difficile de faire bouger la machine.

Si je suis utile, ce n’est que dans ma fonction d’écoutante. Je panse, je soigne, je calme avec les minces outils que j’ai à ma disposition. Dans une certaine mesure, je contribue à la paix sociale. Celle qui fait de nous des moutons de panurge, celle qui ne nous fait pas aspirer à un meilleur demain, celle qui nous fait nous contenter de ce que nous avons.

Dix ans que je « flirte » avec la fonction publique. Dix années pour entrer dans le moule, perdre mes illusions et oublier les promesses que je m’étais faites : rester moi-même, garder une certaine liberté de penser, ne pas me conformer.

J’ai fait le rêve de rencontrer le grand amour. Un amour absolu, immense, dévorant, remplissant. Je serais ton grand amour, ton âme sœur, il ne pourrait y avoir personne d’autre. J’ai idéalisé toutes mes fausses relations, je les ai transformé par le prisme étroit et déformateur de ma trop grande imagination. 

Je me suis perdue. J’ai investi l’autre de mille qualités, mille talents, qu’il n’attendait pas, ne souhaitait pas, n’était pas en mesure de remplir. Je l’ai intronisé, j’en ai fait mon roi, mon sauveur, mon tout. Un rôle bien trop grand, bien trop lourd à porter pour quiconque. Evidemment.

J’ai fait le rêve d’avoir une vie sociale riche et débordante. Des amis, pleins d’amis autant que de relations.

Au lieu de cela, j’ai été sauvage, longtemps, très longtemps. Je me suis protégée, cachée, étiquetée toute seule. J’ai pensé que l’on ne pourrait pas me comprendre, que j’étais trop inintéressante, trop pleine d’aspérités, trop moche aussi. Pour être une amie, il faut être belle…

Souvent, je me suis exclue et j’ai laissé passé la vie. Je me suis montrée exigeante, jugeant l’autre, le trouvant « trop loin de moi ». Pour me protéger me disais-je, ne pas souffrir, quelle prétention !

J’ai rejeté le bruit, loin de moi, lui préférant le silence, la confrontation avec moi. Une confrontation difficile et douloureuse entre l’imaginaire sans cesse nourrit d’évènements, de sentiments idéaux et la réalité.

Aujourd’hui, j’apprends la réalité, je m’y frotte, je m’y pique.

J’apprends à devenir une adulte, à construire, à renoncer, à aimer et à perdre. Mais je n’en continue pas moins à rêver.

Du moi, avec des nuages autour…

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