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Cloudy au pays des Nuages
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7 octobre 2006

Processus d'aliénation

Le vieux démon est un compagnon de longue date. Une espèce de chevalier noir, que l’on se traîne depuis l’enfance. Il nous suit, nous poursuit sur notre chemin de vie, ombre bienveillante et maléfique. Il resurgit lorsque l’on s’y attend le moins, de façon assez récurrente néanmoins.

Le voilà donc qui est revenu me hanter, cette semaine. J’ai l’impression nette qu’il ne m’a pas quittée depuis le début de l’année. Il revient parfois au galop, vite derrière et je l’entends avec sa grosse artillerie. Car le chevalier est outillé, rien ne manque.

Ainsi donc cette semaine aura été une semaine noire. Sur tous les plans.

Le plan personnel d’abord.

Le vide, commence a devenir gouffre. Rentrer chez soi le soir, trouver son appartement vide, avec les mêmes petites affaires posées telles qu’on les a laissées en partant le matin, cela commence a peser.

Pourquoi est ce qu’il n’y a toujours personne ? Parce que j’impressionne, parce que j’ai trop peur, parce que je suis trop sauvage, pas assez confiante, parce que je suis trop inintéressante, trop moche, parce que je ne vais pas aux endroits où il faut, parce que je ne suis pas prête ?

Autant de questions et de mystères que je n’arrive pas à percer. Mais il y doit y avoir un peu de tout ça peut être.

Pourquoi R . ne répond-il pas à mon message. R. ce meilleur ami du lointain.

Sans doute parce que plus de 10 années ont passé, que nous avons changé, que nos mondes sont trop éloignés et que d’éventuelles retrouvailles pourraient ressembler à des mémoires d’anciens combattants…. Je n’arrive pas à comprendre cela et j’ai un peu de mal à m’y faire. Partagée entre la brûlante envie que j’ai de le revoir, juste de loin, comme ça et la peur affreuse que lui comme moi soyons déçus et que tout cela ne rime plus à rien.

C’est tout moi ça.

Le plan professionnel ensuite.

Par périodes, là encore, je me laisse envahir. Je ramène chez moi des situations, des personnes. En ce moment, j’ai l’affreuse impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas être capable d’aider. Je ne suis pas dans la toute puissance, ni dans l’idée non plus que je vais pouvoir tout résoudre. Seulement voilà, j’ai peu d’outils à ma disposition, beaucoup de nouveaux accueils et beaucoup de situations difficiles. Je dois composer avec ça, rester professionnelle. Mais parfois j’ai du mal, submergée justement par l’impuissance mais aussi la solitude.

La solitude dans la pratique et dans ma structure. Bien sur, on se retrouve à certains moments, nous participons ensemble aux séances d’analyse de la pratique, on peut toujours frapper à la porte d’un collègue…. Mais ça n’est pas suffisant pour moi.

Il y a dans cette équipe des fractures, des incompréhensions et des non-dits qui sont épuisants, bien plus plombants que les situations des personnes que nous accompagnons. En plus de « gérer » un public, il faut gérer les susceptibilités, les dissonances, les crises.

Le management n’existe pas en structure sociale. Les directeurs n’ont pas appris. Ils arrivent d’horizons divers, ont des cursus universitaires ou purement sociaux, connaissent certes le monde de l’entreprise mais de loin. Il me semble que notre secteur d’activité connaît des bouleversements, tout du moins de grands changements et que le tournant doit être pris intelligemment. Or, c’est loin d’être le cas aujourd’hui. Et nous en pâtissons.

J’aime ce métier, profondément, et de plus en plus depuis que je le pratique. Mais je déteste ce milieu, cet esprit post soixante-huitard qui ne se remet jamais en question, nombriliste et archaïque par certains aspects.

Alors, pour combler le vide, le trou béant, je me remets à manger. Compulsivement, maladivement, énormément. Tout cela pour me ramener à mon humanité, ma réalité à moi. Méchamment, violemment, douloureusement. Impossible d’aller contre cela, la vague me prend me soulève et me propulse…

Se met en place le bon vieux schéma, le cercle vicieux avec mon chevalier noir tout au milieu, planté là avec son armada, comme pour que je n’oublie pas qui je suis vraiment. Tout au fond.

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