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Cloudy au pays des Nuages
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9 mai 2010

Revue de semaine

Lundi

Le cœur chargé du soleil amassé par ces quelques jours passés dans le sud, je reviens rapidement à la réalité du travail. Et je m’y fracasse un peu. Comme il est difficile parfois de cohabiter avec des personnes que l’on n’a pas choisi. Qui exercent certes le même métier mais qui sont à des années lumière de valeurs, de réalités, de postures qui sont les miennes…

Je me fais la réflexion, en nous regardant tous autour des tables rondes, que nous ressemblons à une famille. D’ailleurs notre structure ne s’appelle-t-elle pas Maison Compagny ?

Vénérable directrice serait la Maman, le pilier de la famille, celle qui organise, coordonne, rassure. A ses côtés, la figure du père, celui qui gronde et tient le budget, la responsable de service. Puis autour d’elles, un grand et un petit frères, une enfant rebelle, une cadette, une grande ado et puis ceux du milieu qui tente de trouver tant bien que mal leur place et puis enfin le vilain petit canard…

Je suis quelque part, dans cette énonciation. A tenter de prendre du recul, ne pas me laisser envahir et surtout, composer avec. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, continuer de mener la barque, faire avancer, faire grandir. Ensemble, malgré la tempête et celle ci est de taille. Le vilain petit canard n’ayant de cesse de faire basculer l’édifice comme pour nous mettre à l’épreuve. Et il y parvient avec brio.

Mardi

J’ai décidé de renouer avec la méditation, de me reconnecter un peu avec cette pratique un temps délaissée. C’est sûr les conseils d’une amie que je me rends chez ce « praticien ».

La séance collective se passe dans un beau lieu, chaud, apaisant qui appelle effectivement à la paix intérieure. Le maître de cérémonie est un bel homme d’une cinquantaine d’année, aux faux airs de Paul Newman. Des cheveux blancs, un regard clair, une allure de danseur.

Autour de lui, essentiellement des femmes de tous âges. Pour certaines, complètement sous l’emprise de cet homme charismatique. Le premier mot qui me vient est celui de gourou…

Mais finalement la séance commence, comme je l’imaginais, dans un rythme qui me convient. Pour cette reprise, je maîtrise mal mes émotions (mais doivent elles être maîtrisées au fond ?), qui sortent de manière anarchique, violentes. Ma sortie est accompagnée par cet homme, qui ne se laisse pas enfermé dans le carcan dans lequel certaines de ces dames semblent vouloir le mettre.

Je referai, c’est sûr. Car malgré la souffrance, les bienfaits sont là.

Mercredi

La situation au travail est telle que j’ai la gorge et le ventre noués. Je me trimballe une sorte de colère indescriptible, forte. Pour la première fois depuis très longtemps, je me sens proche de la violence. J’ai envie d’invectiver (pour être polie) et plus encore de "rentrer dedans" cette collègue qui nous nargue toutes et tous avec aisance et perversité. Je dois néanmoins mettre le peu d’énergie qui me reste dans l’accompagnement de mes publics.

Cet homme d’une cinquantaine d’années, auquel « on » a dit de se reconvertir. Mais pour faire quoi ? J’énonce les actions possibles, ce que l’on peut enclencher ensemble. Un choix, certes restreint mais possible. Il m’écoute, impassible, puis décide finalement de quitter notre entretien. Il est écoeuré, tout l’écoeure. Il n’a plus envie. Je tente quelques mots pour le retenir. C’est peine perdue. Il me dit qu’il reviendra, peut être.

Et puis, il y a cette jeune femme, qu’on est allée chercher dans son pays pour la marier. Les deux premiers mois en France furent, d’après elle, une magnifique lune de miel. Le miel a tourné au vinaigre… Aujourd’hui Mme est à la rue et nous devons composer encore une fois avec les incohérences du système qui lorsqu’une personne n’a pas le bon papier avec le bon tampon, préfère laisser une femme à la rue… Laquelle bien sûr pour des raisons qui sont les siennes (et que je comprends pour partie plus que bien) ne souhaite pas se retrouver en foyer. On passe de nombreux coups de fil, on fait des courriers, on secoue (en vain) le cocotier.

Je la laisse repartir sans informations réelles et je la porte dans mon esprit quelques jours en moi. Bien ancrée.

Jeudi

Voilà plusieurs semaines que je n’ai pas revue Meilleure Amie. Elle se soigne, se repose, prend du temps. Aussi, à l’issue de ma journée et avant de retrouver d’autres amies, je vais lui faire un coucou. Je cache ma surprise lorsque je la découvre décharnée, avec des cernes, sur le pas de la porte, l’œil vide, le teint blafard. Ce temps de partage d’une heure est fait de vides. Je ne sais pas quoi dire ni comment. Elle me demande comment je la trouve. Eternelle question, depuis des années, comme si j’étais son baromètre, le miroir dans lequel se mirer. Je réponds « pas bien », je pense pire que cela.

Elle me fait peur, elle me peine au plus haut point. Je me sens si démunie. Alors je fais comme si… je parle boulot, famille, amis, Namoureux. Et puis lâche, je pars vite, retrouver d’autres vies pour me revigorer. Nous mangeons, nous buvons, nous rions. Pour refaire la vie. La notre et celles des autres…

Vendredi

La petite cellule de travail que nous avons constitué avec ceusses et celles dont je me sens proche se resserre pour affronter la tempête. Pour chacun d’entre nous la semaine a été longue, difficile, chargée de tous ces éléments perceptibles et volatiles qui constituent l’air lourd que nous respirons.

Comme il est effarant de voir qu’une seule personne peut mettre à sac tout un équilibre, certes fragile, j’en ai bien conscience, mais quand même. Je cherche à la comprendre, à lui trouver des excuses, à savoir. Mais mon cœur ne peut plus pardonner. Avant de partir, avant le week end qui s’annonce nous partons dans un grand délire général, sans elle qui écoute à côté. Pour nous décharger, pour nous dire que cette vague là, comme les autres, nous la dépasserons. Ce ne peut être autrement.

Samedi

Depuis 7 ans que nous avons suivi cette formation ensemble, nous tentons de nous retrouver une fois par an. Nous nous retrouvons comme au premier jour. Avec la même complicité dans les rires et la joie. Comme à chaque fois, nous faisons le tour des absents, puis un point sur nos situations professionnelles respectives. Certains ont quitté le groupe mais nous avons préservé un noyau dur, solide, toujours présent. Je pourrais difficilement me passer d’eux. De l’énergie qu’ils me donnent à chaque fois pour repartir.

Avec de nouvelles idées, une nouvelle énergie pour continuer à exercer mon métier.

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Commentaires
C
@ Kloelle<br /> Oui, ils sont un peu de nous, beaucoup de moi parfois :))<br /> @ Kloelle<br /> Je pense que je reviendrai ici sur la pratique de la méditation, de la mienne en tout cas :)) <br /> Je souhaite moi aussi, que mon Amie retrouve un peu d'apaisement.<br /> Je t'embrasse Anne :))
A
Comme ce post est riche et combien il y aurait à dire..........<br /> Tu sais l'admiration que j'ai pour ce que tu exerces comme métier pour cette énergie qu'il faut trouver sans cesse....<br /> En ce qui concerne la méditation, je rêve d'en faire comme il faut (je sais les bases et encore) et je pense que pour te "vider" de toute cette pression c'est une excellente idée !!!<br /> En tout cas cette semaine est encore une fois riche et remplie de bonnes ou de mauvaises choses. D'ailleurs j'espère que ton amie trouvera le chemin de la paix.<br /> Gros bisous à toi
K
Ton mercredi.<br /> Gérer le désarroi des autres et ne pas toujours avoir quelque chose de concret à leur proposer est une tâche bien difficile....Cette femme comme je l'imagine....Cette homme aussi....Ils sont un peu de nous.
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