Il est un pays (le mien)
Où pour une cigarette refusée (car tu ne fumes pas), tu es coursé par un groupe de 11 personnes, poignardé et laissé pour mort. Il ne s’agit pas du Bronx, ni des bas fonds de Chicago (ce qui ne constitue pas de différences d’ailleurs), non, mais du centre ville de la ville de Grenoble.
Les pouvoirs publics, pour rassurer la population locale, n’ont pas d’autres moyens pour traiter cette ignominie que d’apporter la réponse de la caméra de surveillance.
Et là toute de suite, ça va mieux…
Où pour régler les problèmes de violence à l’école, on convoque penseurs et théoriciens pour réfléchir (en tables rondes), et proposer des solutions (éventuelles).
On fait mine de découvrir dans ce pays la violence à l’école, comme si ce phénomène venait juste d’apparaître à la conscience publique. On piétine des années de réflexion de terrain menées non seulement par des enseignants mais aussi par des associations d’accompagnement familial et parental.
On achève un système scolaire à l’agonie en voulant supprimer les IUFM, en instituant des brigades de surveillance autour établissements scolaires (lesquelles brigades sont constituées de personnes en contrats précaires qui ne sont pas ou modestement formées à la médiation en milieu scolaire), en faisant appels à des remplaçants non formés recrutés par le Pôle emploi.
Qu’on continue donc à réfléchir...
Où journalistes, hommes politiques, microcosmes parisiano-parisiens s’imaginent que des français sont intéressés par les supposées histoires de cul de leur président.
L’affaire est montée en épingle, distillée dans (presque) tous les pays du monde (où les français sont pris pour des rigolos), elle fait les gros titres, il paraîtrait même qu’« on » ne parle plus que de ça.
Alors saches, que la France d’en bas a les pieds dans la boue et qu’elle patauge dedans. Elle s’inquiète pour sa retraite, pour son chômage qui ne tombe pas (merci BNP Paribas), pour la maîtresse qui n’est pas remplacée, pour le spécialiste qu’elle doit voir urgemment mais qui ne lui a donné RDV que dans un mois. Alors Nicolas et Carla, tu vois, elle s’en bat l’aile.
Où une grande entreprise (que je ne nommerai pas) pense encore que les conflits sociaux ne peuvent se régler qu’à coup de grève et de prises d’otages des usagers. Juste parce qu’il est question de service public. Faudrait peut être voir à arrêter de nous prendre pour des ânes et regarder un peu ailleurs en Europe, dans les pays nordiques par exemple, où la question est réglée différemment dans le respect de chacun et où l’on pratique d’une manière efficace et éprouvée un concept fou : la négociation…