Communauté de destin
Certaines, certains
Que je vois toutes les semaines, qui m’appellent tous les 2 jours, qui avancent, qui reculent, qui pleurent, rient, crient dans mon bureau… Ces femmes qui n’ont jamais travaillé, qui ne croient pas en elles et en leurs potentiels, qui se trouvent trop bêtes, trop moches. Ces hommes qui s’estiment trop vieux, pas assez qualifiés, qui se sentent inutiles à la société, une charge pour leurs familles.
Je les prendrais par la main. Pour les faire traverser sur l’autre rive, celle qui conduit à l’emploi et plus largement à la confiance en soi. Le sésame, qui permet d’ouvrir des portes, prendre des risques sans avoir peur de glisser et se faire mal.
Je les prendrais contre moi, je leur donnerais doucement une tape dans le dos. Comme on le fait avec les enfants. Pour qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y aura toujours pour eux, un point d’ancrage, une présence bienveillante.
Je leur mettrais des coups de pied au cul. Sans remords ni regrets. Pour les remettre dans un principe de réalité, pour qu’ils arrêtent de rêver à une vie, à des horizons qu’ils n’atteindront jamais. Parce qu’ils s’écoutent trop, se plaignent trop et que les jérémiades empêchent de construire et d’avancer. Parce qu’ils ont des compétences qu’ils ne perçoivent pas, parce qu’ils pensent que tout est perdu d’avance. Parce que parfois, je m’épuise à répéter…
Je les inviterais bien à boire un verre. Pour que l’on se connaisse mieux, autrement, hors de ce bureau forteresse. Nous pourrions peut être devenir ami(e)s ou pas, mais nous aurions transformé pour quelques instants au moins, cette relation aux accents trop professionnels parfois.
J’aimerais bien quelques fois, mais je ne le ferai jamais.