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Cloudy au pays des Nuages
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9 octobre 2008

Rage against the machine

Octobre

C’est le mois où il faut commencer à s’atteler au bilan d’activité. C’est à dire commencer à dresser le bilan des actions mises en place pendant l’année, commencer à faire une photographie du public accompagné sur l’année, choisir et détailler des « accompagnements » dits « significatifs » (c’est à dire longs, difficiles, ou plutôt positifs afin de montrer les écarts). Il est temps aussi de penser aux projets pour l’année à venir et rédiger ses propositions. Bref, une période riche, qui permet de lever un peu la date du guidon, de se confronter aux chiffres. Donc à une certaine réalité.

Mon public est essentiellement féminin. Des femmes d’une quarantaine d’année, qui travaillent sur deux ou trois secteurs d’activité en particulier : nettoyage industriel, emploi familial, secrétariat. Des personnes en grande difficulté sociale pour une grande part. Cette année, j’ai reçu un nombre assez impressionnant de personnes qui maîtrisent mal ou pas du tout la langue française et ces derniers mois d’autres profils, des cadres. En difficulté toute aussi grande que les autres « publics ».

Il existe de moins en moins d’actions dites de mobilisation, de dynamisation ou encore de formation. Tout devient plus pauvre, plus concentré, plus cher. Les listes d’attente sont interminables. Il faut par exemple, des mois pour obtenir des formations en langue française. Et sans maîtrise à minima de la langue, on a peu de chance de trouver un emploi.

Depuis quelques temps les contrôles sont de plus en plus drastiques. Contrôles emploi, contrôles sociaux (Caf, allocations diverses) et j’en passe. Les administrations ont pour objectifs de croiser les données pour faire la chasse aux fraudeurs. Tout cela me laisse sans voix aujourd’hui.

Les politiques d'emploi ont longtemps été anarchiques en France, menées au petit bonheur. Chaque gouvernement y allant de sa mesurette. Sans doute paie-t-on ces années d’inconstance. Il est question pour chacune de nos structures d’accompagnement vers l’emploi, dans les mois qui viennent, de « faire du chiffre » sous peine d’avoir des sanctions financières et donc de voir des postes sauter. Comment faire « ce chiffre » lorsque l’on accompagne les personnes les plus cassées et que le temps moyen pour une sortie emploi est de 24 mois ? Je me le demande…

Je saisis peu de choses de ce qui se vit sur les marchés aujourd’hui. Les mots crise et récession ont un effet des plus néfastes sur mon moral. Je m’en éloigne sciemment pour que le poids de cette morosité ne pèse pas plus encore sur moi et donc sur ma façon d’accompagner mes publics. Cependant, je me pose une question. Comment les gouvernements ont ils pu trouver de telles réserves d’argent, les débloquer si rapidement pour sauver des banques qui on agit en dépit du bon sens ? Cet argent existe bel et bien, il est mobilisable. Mais il ne l’est pas pour sortir les franges les plus touchées de la population, de la fange.

Encore une fois, oui, je reste sans voix et profondément en colère.

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Commentaires
C
> Peebee<br /> Fondamentalement d'accord avec toi.<br /> Qui adit que nous avons lespolitiquesque l'on mérite ?...<br /> > Karleman<br /> Les chômeurs n'ont pas les moyens de faire entendre leurs voix. Ce sont les classes moyennes qui doivent se réveiller, avant qu'il ne soit trop tard pour elles.<br /> Les politiques de gauche, comme de droite ne pensent pasà l'intêret commun. Si tel était le cas, nous n'en serions pas là.<br /> Tu sais, je ne mérite rien. Je fais mon travail, je balance quelques petites choses ici, parce que c'est facile. Plus facile que de monter concrètement au créneau et de mouiller sa chemise.<br /> Je n'ai aucun mérite.
A
Je suis écoeurée par ce qui se passe...
K
Comme je te comprends. Tu crois en ton métier. Tu es en première ligne et les politiciens et les technocrates te parlent de chiffres. <br /> Je craints que tout va exploser. Je craints que les chômeurs se fâchent de cette répression, surtout de ceux qui souffrent d'être exclus(es).<br /> Il faudrait leur dire à ces messieurs de venir sur le terrain avec toi. <br /> Dans ma région, c'est la gauche (PS) qui dirige. mais ne croit pas qu'ils sont mieux que l'UMP, ils disent la même chose, pour ne pas dire les mêmes conneries. Après tout, les chômeurs n'intéressent que lorsque c'est les élections...<br /> Avec la crise, en plus, je me dis qu'un matin plus rien ne sera comme avant.<br /> Bon courage. <br /> Je te fais une grosse bise, parce que tu le mérites.
P
Ce n'est pas seulement la recherche d'emploi mais l'ensemble de notre système d'aide sociale qu'il faudrait revoir...<br /> Le problème c'est que quand nos politiques en parlent ils rendent toujours responsables les personnels et les structures, alors que la solution serait déjà, comme dans la plupart des domaines, qu'ils arrêtent de voter des lois iniques et de prendre des décrets stupides !<br /> Quant à trouver de l'argent pour les banques, je vais citer M. Karoutchi : l'argent nécessaire pour racheter Dexia, si la banque se relève d'ici deux ou trois ans on le récupèrera, alors que l'argent pour le RSA c'est de l'argent qu'on ne reverra jamais. La majorité d'entre nous a voté pour ces gens-là, et risque même de continuer à le faire dans le futur... on est mal !
C
> Down Under<br /> merci pour ce message, merci d'avoir réagis, j'en suis touchée.<br /> Mon message est bien trop court et superficiel pour exposer le fond du problème.<br /> C'est un tout. J'ai passé sous silence le RMI, les contrats aidés... un ensemble de choses qui n'ont jamais vraiment été analysées, que l'on reconduit ou pas au petit bonheur.<br /> Un suivi psychologique nécessite des fonds, nécessite de recruter des professionnels. je le sais d'autant mieux que je l'ai mis en palce dans ma structure 2 années durant. Cela a donné des résultats probants mais mon budget a été sucré cette année, pour la raison suivante : une structure d'emploi ne doit s'occuper que d'emploi. Dans les faits évidemment, c'est beaucoup plus complexe. Même chose pour notre supervision. Nous n'en n'avons plus, alors que l'accompagnement sur les cas les plus difficiles est pour nous indispensable pour y voir plus clair et se poser en professionnel.<br /> Une vaste question...<br /> Je regrette que l'on ne se préoccupe aps plus de l'emploi et de toutes les questions inhérentes au problème; On maintient à mon sens des personnes dans des systèmes stigmatisants et improductifs.<br /> Il y a tant de richesses dans ce pays du côté des individualités comme des entreprises.<br /> Très bon courage à vous.
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