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Cloudy au pays des Nuages
Cloudy au pays des Nuages
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4 octobre 2008

Inside out

Plusieurs mois durant, j’ai cheminé dans le brouillard. Aucun paysage n’a trouvé grâce à mes yeux.

D’ailleurs, je ne les voyais pas. Pas plus que je ne prêtais attention aux personnes qui m’entourent.

Une sale période de doutes, de tâtonnements, de colères, d’incompréhensions multiples.

Ce flou m’a obligée à tout lâcher, à perdre le contrôle sur les événements et a eu sur moi des effets assez déstabilisants. Parce que j’ai besoin de savoir où je vais, combien de temps ça va prendre, à quoi cela va conduire, très concrètement. Un vrai maître ès contrôle.

Mon habit de conseillère emploi est devenu trop petit, il me serrait la taille, à m’en couper le souffle. Je n’arrivais plus à entrer dedans.

Tout a commencé à se déliter derrière mon grand bureau. Le bureau derrière lequel je valide des projets, sort des offres d’emploi, « positionne » en emploi ou en formation, rempli des fiches action, prodigue des conseils, écoute des souffrances, recueille des colères. J’accompagne, je planche sur des « projets emploi », quand je ne visite pas des entreprises. Ca s’appelle la POLYVALENCE. Et la polyvalence n’est pas toujours élastique…

Et puis ce bureau me sortait des yeux. Le bureau, cette frontière entre moi et l’Autre. La barrière infranchissable. Je me suis demandée qui j’étais pour valider, invalider, conseiller, orienter, dire que c’est bien ou pas, moi, de ma place…

Accompagner des femmes et des hommes qui ont des vies professionnelles et personnelles souvent bien plus riches que les miennes, qui ont des vécus cabossés, bien loin de mon quotidien lisse et propret, des préoccupations, qui si elles ne me sont pas inconnues me paraissent parfois impalpables.

Et pourtant… ils m’écoutent, s’en remettent à moi souvent, avec des phrases aussi paralysantes que « que feriez vous à ma place ? à votre avis, qu’est ce qui est le mieux ? vous qui me connaissez, vous devez savoir ». Non je ne sais pas. J’ai des idées bien sûr, parfois un avis, mais je ne sais pas. Et de temps à autre, je ressens une certaine honte. Celle de ce pouvoir que l’on m’accorde, de ce crédit et la force que l’on me donne. Celle d’être celle qui résout, panse, joue un rôle de cadre, de garde fou, de psy même lorsque ce n’est pas celui d’un membre de la famille...

Tout ça était devenu pesant, énergétivore.

Et puis, cette semaine, un semblant de bonheur est revenu.

A quoi était ce dû ?

Au fait que je rentre à nouveau dans le costume de la conseillère, sans douleur ?

Au fait que collègue préféré est devenu papa et que ce bonheur a rejailli sur nous tous de façon inattendue ?

A des évènements qui (re)donnent espoir ?

Comme, par exemple, cette visite entreprise. Des directeurs, qui me sollicitent pour recruter une personne en « insertion ». J’ai toujours peur de ces grands termes, utilisés à tort et à travers qui souvent cachent des représentations, notamment personnes cassées = exploitables à l’envie. Ici, en l’occurrence, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit d’une entreprise qui a envie de « donner sa chance à quelqu’un », qui est prête à l’accompagner sur une reprise d’emploi. Oui, ça existe encore et ça aussi, c’est bon.

Ou encore, cette personne qui revient vers moi. Un ancien suivi. Elle me dit que je suis « sa magicienne ». Il y a 4 ans, nous avions trouvé en 15 jours d’accompagnement, un CDI temps plein. Elle veut changer pour évoluer et me dit à la fin de l’entretien qu’elle y croit parce que j’ai toujours cru en elle. Je prends le compliment, parce qu’il est bon de savoir accepter parfois et que ça aussi, ça nourri.

A des « re-rencontres » que j’entrevois comme autant de signes ?

Elle qui m’appelle pour que nous déjeunions. Est il possible d’avoir été si proche d’une personne, de s’en être détachée avec violence et de la retrouver avec sérénité ? Nous verrons.

Elle qui m’envoie des mails. Pour me donner de ses nouvelles. Doucement, sans faire de bruit. Je sais pourtant que pour elle l'écriture est synonyme de rémission et je suis heureuse de cette paix retrouvée.

Lui. Nous partageons son nouveau bonheur d’être papa dans une effusion que nous ne nous étions pas autorisée jusque là et qui nous trouble, l’un et l’autre.

Peut être qu’enfin, mes valises se sont allégées un peu et que de ci de là, sur le chemin des fleurs, enfin, se mettent à re-fleurir…

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Commentaires
C
> Encre<br /> J'essaye de me nourrir de ça en effet. Je prends ce qui vient avec une certaine délectation.<br /> Des bises essentielles à toi :))<br /> > MADmoiselle<br /> J'essaye de prendre mon travail à coeur oui. Pastoujours facile cependant. Il existe très certainement le conseiller qui "est fait" pour toi vers chez toi ;) <br /> Mais si je peux t'aider, je le ferai à ma mesure, avec grand plaisir.<br /> > Peebee<br /> Voui, un peu :))<br /> > Kloelle<br /> Merci d'être passée par là :))
K
Petit à petit mais sûrement...
P
Le moral remonte !
M
Dis, dis, tu veux pas devenir ma conseillère, s'il te plaît ! Parce que tu as l'air de prendre ton travail à coeur toi !
E
J'oubliais l'essentiel : "bises".
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