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Cloudy au pays des Nuages
Cloudy au pays des Nuages
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23 novembre 2009

Ombres portées

La première chose que j’ai eu envie de faire ce soir, c’est décrocher mon téléphone et t’appeler.

A 18h précises.

Après avoir pris le temps de me poser et de procéder à un vide intérieur.

Dire que ce n’est que lundi…

En contemplant mon planning et celui des prochaines semaines à venir, j’ai l’impression étrange de m’engager dans un marathon. Ou plutôt de le poursuivre. Cela fait je crois, plus de 3 mois que cela dure.

Emprunter la même la route, avancer et surtout ne penser à rien, ne pas se retourner. Invariablement, regarder devant. A la différence près que ce ne sont pas les kilomètres que j’enfile. Mais les RDV.

Je n’en ai jamais eu autant. Ecouter, corriger des lettres, faire des CV, répondre à des offres, positionner sur des offres, relancer des entreprises, participer à des réunions, travailler sur des projets, préparer le bilan annuel…

Je suis en mode automatique.

J’aurais partagé avec toi mes préoccupations professionnelles.

Cette lancinante colère qui ne me quitte pas depuis plusieurs semaines, qui me rend malade même je crois. Contre un système qui ne cesse de précariser, qui nous instrumentalise, nous personnels de terrain et contre lequel nous ne pouvons rien. Sinon « faire remonter ».

Mais faire remonter quoi puisque personne ne veut rien entendre ?! Quand bien même ils entendraient, que pourraient il bien faire ? Tous ces ILS ombrageux. Puisque des réformes iniques sont engagées et que tout retour en arrière est impossible.

La colère aussi contre ma direction. Qui prend des décisions sans concertation, qui traite chacun différemment, qui ne répond pas aux questionnements, qui demande de patienter d’un côté et bouscule tout de l’autre…

Je ris lorsque l’on me demande de patienter. Voilà 4 ans que je ne change pas une ligne dans mes bilans de fin d’année : pas assez de formations linguistiques, pas de formations en lien avec les besoins des entreprises, pas assez de soutien dans les entreprises, de plus en plus de salariés en souffrance, de moins en moins d’actions pour accompagner efficacement les demandeurs…

Je ne supporte plus cette lâche conspiration du silence.

Cette année et pour la première fois, j’ai l’impression forte d’avoir porté à bout de bras, sans discontinuer, des hommes et des femmes en souffrance. Des personnes qui ont perdu confiance, des personnes mal considérées, par la société, dans leurs propres familles. Des oubliés.

Car il est facile au fond de faire des Cv et des lettres à la chaîne, appeler des entreprises dont on sait à l’avance qu’elles diront non. Non à un stage, non à un emploi. Le plus difficile cependant, c’est de recueillir leur parole. Celle du désarroi, de la colère, de la résignation.

Oui, je peux dire que je les porte.

J’appelle. Après un entretien pour savoir comment ça s’est déroulé, pour réveiller avant un rendez vous important, pour expédier chez le médecin, pour savoir comment s’est passée l’opération chirurgicale, pour savoir si les contacts prévus ont bien été noués, si les lettres écrites ensemble ont bien été envoyées. Je suis appelée, de plus en plus souvent en dehors des rendez vous et je me dois de rassurer.

Evidemment. Parfois, il n’y a que cela que je peux faire d’ailleurs.

Comme d’habitude, tu m’aurais laissé cracher mon venin. Tu aurais écouté sans m’interrompre. Car tu sais…

Et puis tu aurais demandé « Et toi ? » .

Moi. Nous…

Ca, j’attends ton retour pour te le raconter.

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Commentaires
C
@ Up Upper<br /> On perd ses droits, notamment en tant que demandeur d'emploi, si l'on n'a pas pris soin de les "réactiver". Si tu es radiée du pôle emploi, tout recommence à zéro dans ton "parcours de recherche".<br /> Pour le reste, je rêvrais d'être la fée dont tu parles, c'est très loin d'être le cas; je t'assure.<br /> Je t'embrasse bien fort et te souhaite du couraaaage :))
U
Etant partie plus d'un an à l'étranger je "bataille" pour récupérer mes droits (je ne comprends pas qu'ayant toujours la (seule et unique) nationalité française j'ai pu les perdre mais bon)...si j'étais sans la moindre ressource avec un français très approximatif... je pense que je serai fort heureuse de rencontrer quelqu'un comme toi, qui prend son travail à coeur<br /> Tu es toi aussi une fée pour les autres.
C
@ Anouchka<br /> Merci pour tous ces compliments :)<br /> Des bizettes
A
Très beau post plein de colère, de passion et de volonté de faire au mieux. Tu écris si bien.....<br /> Gros bisous doux
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