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Cloudy au pays des Nuages
Cloudy au pays des Nuages
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10 décembre 2008

Ils sont, autant que je suis

Ils sont demandeurs d’emploi (DE), DE longue durée, ils sont à la recherche d’un emploi. Ils sont prioritaires ou pas. On les appelle c’est selon, nos suivis, nos usagers, des bénéficiaires, voire même nos clients.

Les médias les appellent les précaires. C’est sûrement plus simple.

Lorsqu’ils ne sont pas au RMI, ils peuvent être en ASS (allocation spécifique de solidarité, en API (allocation parent isolé).

Ils sont issus de quartiers ZUS (zone urbaine sensible), ont cumulé des CES (contrat emploi solidarité) ou des CAE (contrat d’accompagnement dans l’emploi).

Le référent, l’accompagnant, construit ou co-construit un parcours, dans lequel interviennent parfois des partenaires extérieurs.

Nous avons, chacun à notre niveau, des documents administratifs à remplir dans lesquels figurent des champs, ou des items sur ce que nous percevons ou ressentons de la situation.

Vous me suivez ?

Ceci n’est qu’un mince aperçu du vocabulaire très normé de notre profession. Un vocabulaire que j’applique et utilise tous les jours. Est-ce pour autant que je catégorise mes publics ? Est ce que mon histoire, mes représentations, mon vécu n’interfèrent pas dans ma façon d’être et d’accompagner ces personnes. Est ce que ma façon de parler, de me positionner n’ont pas des incidences directes sur elles, sur la façon dont elles se perçoivent ?

En clair, ne suis je pas stigmatisante à mon niveau ?

Je le dis en toute honnêteté je ne sais pas. Il est probable que je suis pas toujours aussi juste, impartiale que je devrais l’être. Je fais des diagnostics d’une situation, d’un parcours.

J’applique des procédures, je suis des processus. Autant d’éléments qui varient selon la personne que je reçois et selon ma propre appréhension de la situation.

Accompagner ne s’apprend pas. D’ailleurs, notre métier ne s’apprend pas. Il y a des formations certes, mais notre métier est « peuplé » de personnes d’univers et de formations initiales très différents. On apprend à se familiariser avec des dispositifs, des contrats de travail, des règlementations (qui changent presque chaque année). Mais pas à être avec un « bon accompagnant ».

Je suis arrivée dans ce métier et ce travail avec des convictions fortes.

Celle de vouloir participer à un mouvement qui « intègre » les personnes, qui fait avec elles, à côté d’elles, pour elles mais pas à leur place.

Celle de vouloir redonner parole et identité à des personnes qui en sont dépourvues, juste parce qu’elles ne travaillent pas.

Celle de militer à ma façon, de faire remonter en « haut », ce qui se passe « en bas » et qui n’est pas vu ni entendu par les institutions.

L’expérience m’a appris à ne pas plaquer des schémas. Une personne que l’on peut imaginer éloignée de l’emploi pourra retrouver très facilement tandis qu’une autre que l’on sentait prête peut montrer des fragilités. Chaque personne est différente, elle est l’auteure du parcours qu’elle souhaite écrire ou pas. Je ne peux être que très modestement, un déclencheur.

Chaque jour, je répète la même chose : « Ne laissez personne vous qualifier. Positionnez vous en tant que professionnel. Personne mieux que vous ne sait ce qui est bon pour vous. Personne ne peut plus avoir confiance en vous que vous… ».

C’est à cela que je m’attache.

Cependant, il n’est pas rare que je rate des éléments, de passer à côté de quelqu’un, de me tromper. Il m’arrive même de juger sévèrement, parfois de bousculer, de rudoyer.

Je perds de vue pour quelles raisons, certains matins, je dois me lever. Mais me reste chevillée au corps ma croyance en eux. Chaque pas fait ensemble, chaque avancée est aussi une de mes victoires, à moi….

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Commentaires
C
@ Blackmilk<br /> merci pour ton passage ici.<br /> La sève qui m'anime... j'aime beaucoup :)) Je tente de la garder intacte et de la faire pousser au quotidien.
B
Tout s'explique... <br /> <br /> Je suis toujours épaté de voir à quel point certains métiers sont issues de vocation, moi qui suis tombé dans le miens un peu par hasard.<br /> <br /> Profites de cette sève qui t'anime, on devient un bon "accompagnant" au contact de l'humain, pas en CAR ;) Partant de là, tu sembles sur la bonne voie
C
> MADmoiselle<br /> Merci :))<br /> J'espère que c'est une preuve...
M
En tout cas, continue comme ça. Il faut savoir se remettre en question, c'est la preuve de son vrai professionnalisme :)
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