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Cloudy au pays des Nuages
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4 décembre 2008

Dark words

Depuis lundi, je me demande comment je vais mener cet entretien.

Ce que je vais lui dire, comment je vais poser les choses.

Pour qu’il entende, pour qu’il prenne acte, qu'il avance dans son projet.

Posément, dans le respect de ce qu’il est, de ce qu’il vit actuellement.

Je tourne et retourne dans ma tête, je prends conseil.

Et je me dis que je verrai bien.

Il arrive avec du retard, comme d’habitude.

Sous son gros manteau, il est en tee shirt et en nage.

Quelque soit la saison, d’ailleurs, il est toujours en nage.

« Les médocs ».

Je pose ma question rituelle, ma question imbécile «Comment allez vous aujourd’hui ?»

« Mal, très mal, comme d’habitude, pire que d’habitude ».

Je sais alors que nous ne parlerons pas de ce que j’avais prévu.

De l’emploi, de ce pour quoi il est venu me voir, tout au début.

Quelque chose s’est passé.

L’extrême tension est palpable.

Il est en colère, les yeux noirs, ses mains tremblent.

Il quitte le manteau et sur les bras les stigmates.

Des brûlures, des scarifications.

Il égrène la journée, il raconte.

Séchement, avec froideur.

La violence, la violence subie et celle qu'il retourne contre lui.

"Pour pas faire un carnage"

Maintes fois, je l’ai renvoyé vers son psy pour qu’il dépose ses souffrances, ce qui le torture et que je ne peux pas recueillir.

Aujourd’hui, j’écoute.

Pourquoi, je n’en sais rien.

Plutot si, la peur du carnage.

Parce qu’il me dit ne pas être allé voir son psy cette semaine.

Parce qu’il sait qu’il va « péter un plomb, violent ».

Parce qu’il me dit avoir déjà fait 6 tentatives de suicide (« même ça, je suis incapable de le réussir »)

Parce que « rien ne me fait moins peur que la mort ».

Je suis désarmée.

Je lui en fait l’aveu.

Il se lève alors et je le laisse partir avec sa rage et des yeux pleins de larmes.

Désarmée oui...

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Commentaires
C
> Bliksem<br /> Oui, je te rejoins sur ces points aussi.
B
pour moi se rater c'est le signe qu'en fait ce n'est pas une envie d'en finir mais un appel à l'attention des autres, parce que si tu veux vraiment en finir hein...<br /> <br /> mais là je suis limite morbide je sais, mais bon faut être franc...<br /> <br /> sinon tout à fait d'accord travailler avec de "l'humain" c'est parfois se laisser toucher mais je reste toujours en dehors des problèmes même si je compatis un peu, je pense qu'il faut savoir faire la part des choses et rester objectif pour pouvoir tenter d'aider<br /> <br /> le pathos est pour moi un mauvais conseiller.<br /> je suis plus "aide toi et le ciel t'aidera, moi je participerais un peu"
C
> Michel<br /> A la place de pas facile, je dirai "remuant" :))<br /> > MADmoiselle<br /> Je ne pense pas sincèrement qu'il est question de justice ici. Seulement d'une personne désorientée qui pose à la première personne qu'elle "trouve" son désarroi et son mal être. Parce que les délais d'attente chez le psy "gratuit" sont longs...<br /> >Bliksem<br /> Foncièrement d'accord avec toi sur les points que tu évoques. J'ai renoncé à ces idéaux d'enfant pour me muer en professionnelle.<br /> Ceci, toi et moi savons que travaller avec "de l'humain" c'est se laisser toucher aussi, c'est repartir malgré nous parfois avec un évènement, un geste, un mot qui aura été posé par quelqu'un et qui aura eu en nous un certain retentissement.<br /> 6tentatives desuicide en 27 ans, c'est pas mal.<br /> Se rater c'est un signe que la vie est plus forte.<br /> Pas facile pour une personne isolée de comprendre que les cartes, c'est elle qui les a en mains. Pour cela il faut qu'elle ai certaines clés de compréhension...<br /> >Emma<br /> Merci pour ton passage silencieux ici :))
E
....
B
et j'en fais des erreurs d'accord... la fatigue...
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