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Cloudy au pays des Nuages
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20 novembre 2008

Revue de semaine : yes, I can

Lundi : le grand moment (de solitude)

Je suis la première de l'équipe a présenté mon bilan d'année. L’objectif de la réunion est la relecture, la critique pour ensuite intégrer cette partie à un tout qui sera présenté tant aux élus qu’à nos financeurs. Il nous faut être justes, précis, concis. Expliquer, justifier, faire remonter, comparer, diagnostiquer, anticiper, proposer. Un drôle d’exercice que celui ci. Je n’aime pas ces moments où l’on est offert aux yeux de tous. Ou l’on est seul, pour lire ses chiffres (donc ses résultats), pour justifier de choix, de partis pris. Voilà ce qui nous attend dans les prochains mois. Des explications à n’en plus finir. Pour ne pas perdre des postes, des financements, pour décrocher des subventions, pour monter des projets. Mais surtout, pour faire entendre des voix, qui très probablement, cette année encore, ne seront pas entendues.

Yes, I can

Mardi : le jour du renoncement, le jour de la constellation

Finalement, je renonce à mon BCA. Plus une fuite qu’une solution. J’ai décidé d’affronter mes démons, de les regarder en face et de me mettre en recherche de formation, pour continuer à évoluer (même si nos salaires nous renvoient à une certaine précarité).

C’est mon RDV de quinzaine, avec elle. Elle me demande de retracer mon parcours. De la naissance à aujourd’hui. Physiquement sur des cases. Naissance, 15 jours, 5 ans, 10 ans, 12 ans, 15 ans, 19 ans. Des étapes, des tranches de vie, des visages. Mon histoire.

Yes, I did

Mercredi : 3 hommes

Le mercredi, mon jour des rendez vous, non stop. Cette semaine, le jour des rencontres. Le jour qui me fait dire, dans cette année terne et peu enthousiasmante, que ce métier a du sens. Le sens que je lui donne, le sens du lien qui se tisse avec les personnes que j'accueille et accompagne. Ce jour là, en particulier 3 hommes.

Un yougoslave. Il est en France parce qu’en « France travail ». En France « pas de guerre, manger tous les jours, pas la peur ». Il bargouine 3 mots de français. Il a 54 ans, a quitté son pays à la suite de l’explosion de son entreprise. Il rêve d’être électricien… Un rêve seulement. Je lui demande comment se prononce son nom. Le nom, ce qui relie encore au racine lorsque l’on a tout perdu. Il m’explique et puis me dit que dans son pays mon nom à moi ne se prononce pas de cette façon, « français, très difficile, pas logique ». Je lui dit que mon nom a une explication, un sens. Il en déduit que je suis une « femme solide ». Et rit…

Un jeune diplômé, plus si jeune... Il se pose, droit sur la chaise, le regard franc, direct. Je lui explique comment je travaille, ce que je peux proposer en terme de services «de toutes façons, vous proposez tous la même chose ». Je lui demande quel est son principal trait de caractère : « La confiance ». Et puis nous lisons le Cv ensemble. Une faille, puis une autre, encore une autre. Je m’engouffre, je creuse, je ne lâche pas le morceau. Et doucement, il commence à s’affaisser sur sa chaise. Les explications ne sont pas claires, fuyantes. Je poursuis, jusqu’à la tirade finale. Ma préférée, sur la confiance, celle qui achève. Il écoute patiemment, puis lâche enfin le morceau : le handicap. Le sien, celui qui pousse à surjouer, à montrer qui on n'est pas.

Ces patrons qui demandent s’ils auront des subventions en prenant un handicapé, les cases dans lesquelles il faut rentrer « les catégories ». Et le regard soupçonneux des collègues. La question qu’ils ne posent pas, qu’ils gardent pour eux mais qui est criante à bien des égards « il est où son handicap, c’est grave, il est vraiment capable de bosser comme un autre ? ». La confiance en l’autre pour déposer ce qui blesse, ce qui empêche d’avancer.

Le dernier enfin. Plusieurs mois à nous voir tous les 15 jours, à le pousser, à l’encourager, à l’engueuler parfois aussi. Puis, ce poste arrive, un contrat en insertion, certes, mais un contrat quand même. Au bout de 15 jours, il vient me voir, se pose dans mon bureau : « Chef, je lâche ». Je me retiens à ma chaise dans un premier temps, il attend ma réaction, scrute ma mine déconfite et lâche son gros rire « je vous charrie, c’est pour déconner ». Et en ce mercredi, il me fait appeler, à l’accueil. Dans ses mains, une grosse boite de chocolat. Je refuse mollement (ben quoi, des chocolats ?!!!) : « Allez, pas de chichis, prends ça Chef ». Il les pose, gêné, et s’en va.

Yes, WE did

Jeudi : l’épreuve du feu

Recrutement collectif pour une grosse société qui ne cesse de s’agrandir. C’est mon gros recrutement. Mené seule de bout en bout avec le chef d’entreprise. 2 recrutements à la clef. Quand après cette folle journée il m’envoie un message, pour me remercier du travail accompli, comme une fierté, là dans le ventre. Une petite victoire.

Et ce soir, la décision. Aller à Paris, affronter le monde, le froid, mes peurs, mes envies.

Yes …

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Commentaires
C
> MADmoiselle<br /> Oui :))<br /> j'en suis encore toute étonnée moi même !<br /> > Michel<br /> Oui:))<br /> Le récit de la virée à Paris, juste au dessus :))
M
Bien rapportée, cette semaine ! C'est même une tranche de vie qu'on a plaisir à lire. On sent que ta petite victoire, en plus du chocolat, t'a fait le plus grand bien.<br /> Alors dis-nous, c'était comment, Paris ?
M
Mais c'est très positif tout ça !!! Ça doit faire plaisir, c'est sûr quand on sent qu'on a été utile !
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