La "mini" réunion de famille
Par définition, la mini réunion de famille n’est pas la grande.
La mini se réuni pour de petites occasions, comme le 1er novembre par exemple, qui ne peut nullement se comparer aux grandes dates familiales ou autres évènements religieux « classiques ».
Dans la mini, il y a moins de monde, forcément, puisqu’elle est mini. Donc, il y a moins d’enfants, moins de bruit, moins à manger et à boire aussi parfois. On prend le temps d’échanger avec chacun.
MAIS
Dans la mini, il se passe souvent la même chose que dans la grande. On aborde les mêmes sujets sensibles, on a toujours quelques énergumènes pour ramener leur fraise et chauffer l’auditoire, d’autres pour ne parler que d’eux et les derniers enfin, les joyeux lurons qui tentent (péniblement) de ramener le calme autour de la table (un vrai challenge qui demande courage et dextérité).
Si le grand avantage de la mini, c’est justement de pouvoir échanger entre soi, parfois, cela peut s’avérer pour certains un inconvénient. Pire une corvée. Quand je dis certains, bien sûr, il s’agit de moi. Vous l’aurez compris.
Mon moment à moi, c’est entre la poire et le fromage. On a épuisé à peu près tous les sujets : « c’est la crise, hein ? oui, c’est la crise, pour les vacances, vous faites quoi, oh ben comme d’habitude, le 25 ici et le 31 là…blalblabli ». On aurait pu me demander ce que je pensais des nouvelles décisions prises par Nicolito en matière de politique de l’emploi, on aurait pu échanger sur un tas de trucs très intelligents qui ouvrent un peu l’esprit, le dernier Nobel de littérature, les élections américaines, juste comme ça au hasard… Ben non.
Entre la poire et le fromage c’est de moi dont on parle. Je suis un SUJET à moi toute seule. LA question, celle que je flaire à des milliers de kilomètres, celle dont je sais exactement qui va la poser et comment, c’est la fatidique « et toi tu en es où ? ».
Cette question là elle ne veut pas dire « tu fais quoi pour tes prochaines vacances, ton job ça roule ? tu vas bien ? ». Non il ne s’agit pas de ça. Il s’agit du très sous entendu « Alors, quand est ce que tu nous présentes QUELQU’UN ». Qu’importe le quelqu’un, ce qui est rassurant c’est de le présenter. Si.
Maintenant que j’ai un travail, un vrai, que j’ai rassuré tout le monde sur ma capacité à être « stable », il ne reste que cette question là. Forcément, je suis la dernière du classement familial (enfin pour ça hein, parce que il y a des tas de fois où je me suis retrouvée en tête de pleins de trucs très reluisants).
Une fois, j’ai osé l’affront suprême. Très calmement et sans rire, j’ai glissé que je pouvais être avec une femme (carrément effronté non ?). Ben même ça ça l’a pas fait. Ben non. Une de mes tantes, m’a dit que ça l’étonnait, « tu es quelqu’un de « Bien »". Bon en soi, ça fait plaisir ce style de compliment. Mais c’est quand même lourd de sens. Bref.
Alors cette fois, après avoir monté et démonté 2 puzzles, lu des poésie, joué au jeu de l’oie « électronique », mettre fait monter dessus par 2 tornades blondes de 3 et 5 ans, joué à la poupée et lu une histoire (ouaip, ch’ui cap’ de faire tout ça !!!), j’ai demandé à ce que l’on ne me pose plus JAMAIS la question.
Parce que je n’y répondrai plus. Parce que dans ma vie, il y a d’autres choses, intéressantes que je peux partager avec grand plaisir. Parce que je suis moi merde. Je n’attends pas d’être qualifiée par l’homme qui est ou pas à mes côtés. Parce que le bonheur n’est pas synonyme de vie de couple ou de mariage. Parce que faire comme les autres, c’est décidément pas mon truc. Et puis, dans la famille on a tellement d’exemples de couples dont « on » disait qu’ils étaient si bien assortis et qui ne sont plus ensemble…
Et puis j’ai bu tranquillement ma coupette de champagne, je les ai regardé dans les yeux et on est passé à autre chose.
Comme à chaque fois.