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Cloudy au pays des Nuages
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16 avril 2008

Liebsam

Il y a quelques années, j’ai participé à un atelier d’écriture. Nous devions partir d’une photo, pour écrire un texte dans lequel contenait des mots lancés par les participants. Cette photo, celle d’une mamie, toute ronde, fripée, me faisait penser à toi. Une mamie gâteau, une mamie bisous dans le cou.

Je voulais écrire sur toi mais pas avec ces mots là. Finalement j’ai produit un texte « hors jeu », mais il y avait là tout mon amour pour toi, tout ce que tu représentes pour moi, tout ce que je ne sais pas te dire. Je suis partie à la recherche de ce texte, ces mots et de ces sentiments déposés quelque part et qui me parlent de toi mais je ne l’ai pas retrouvé…

Il y aurait tant à écrire de notre histoire. Des livres entiers me semble-t-il. L’histoire d’une femme qui élève l’enfant d’une autre, comme la sienne, probablement même plus que la sienne. Une femme qui s’oublie, qui s’efface pour que l’enfant pousse correctement, sans trop de heurts, sans trop de souffrances. Avec au loin une famille présente et absente pourtant. Des parents investis avec des valeurs qui sont les leurs mais qui ne collent pas trop avec cette famille « adoptante ». Alors, il faut composer.

J’ai l’impression parfois que personne mieux que toi ne connaît les arcanes de ma petite personne. Mes troubles, mes emportements, mes joies, mes peurs. D’un coup d’œil tu me saisis. Tu me dis parfois, au moment où nous prenons notre café ensemble « Je te trouve triste. Ton travail, ça va ? Tu es bien joyeuse aujourd’hui ». Tu sais bien que je ne répondrai pas mais je l’entends.

Tu es pour moi LA figure de mon enfance. Et mon enfance a probablement été la plus belle période de ma vie. Tu es pour moi, les repas gargantuesques, les fêtes d’anniversaire, les vacances à la mer, les chagrins consolés au creux des bras, les histoires allemandes racontées au bord du lit, les jeux dans le jardin, les travaux manuels sur les coins de table, les fous rire, les emportements, les mots doux chuchotés en allemand, les grandes tablées avec les amis et la famille, les bains chauds devant la cheminée, les enveloppes avec des « je t’aime » dessus, les secrets livrés autour de NOTRE café, les coups de téléphone furtifs pour me demander si je vais bien et si je mange bien, les conseils pour ne pas me « marier, mais vivre, profiter ».

Il y a entre nous bien plus qu’ils ne peuvent imaginer. Une histoire d’amour, assurément. Il y a ce jour où je te l’ai présenté. Plus tard, tu m’as dit qu’il ne pouvait pas être pour moi, il n’était pas comme moi. Comme tu avais raison.

J’ai partagé tes angoisses, de voir ton fils partir en montagne, la peur qu’il ne se blesse. Plus tard, son mariage puis l’arrivée des enfants. Celles de voir ton mari partir à l’étranger, de penser qu’il avait une autre vie ailleurs, pour son travail. J’ai vu ton corps te lâcher parfois, souvent. Et puis ce 31 décembre. Le médecin nous a dit une fois que tout était terminé « Encore 30 min et vous la perdiez ».

J‘ai écouté tes colères et tes éclats de voix mais surtout tes silences assourdissants. Et puis les rires et puis la joie. Comment faire une liste exhaustive de tous ces instants de nos 33 années de vie « commune ». Comment te dire, que si tu n’es pas ma mère tu fais néanmoins infiniment partie de moi, tu as contribué à construire ce que je suis, ancrer des valeurs, des croyances. Construire mon histoire.

Une des personnes les plus importantes de ma vie.

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Commentaires
C
> Reevolution<br /> Merci :))
R
Magnifique. <br /> J'en reste sans voix.
C
> Kloelle<br /> Rien ne pouvait plus me toucher, particulièrement sur cette note. Merci :))
K
J'aime l'humanité de ce texte...Il donne envie d'aimer cette femme.
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