Rendez vous manqué avec R.
Cet été nous devions nous voir. Tu avais un créneau de libre, à ton retour de l’étranger. Oui tu serais heureux de me revoir après plus de 10 ans.
Tu avais des questions, sur Meilleure Amie, sur le reste de la clique.
Tu m‘appellerais dès que tu serais à G.
J’avais mis du temps à oser. Oser te contacter, renouer le fil d’une histoire suspendue, pour moi inachevée.
J’étais heureuse et traqueuse à la fois. Me demandant ce qu’il adviendrait de tout cela, à quoi cela pouvait ressembler les retrouvailles de deux anciens adolescents. Qu’est ce que nous aurions à nous dire, cela allait-il ressembler à des retrouvailles d’anciens combattants dont le présent de la conversation ne se nourrit que du passé.
A quoi allais tu ressembler et moi comment allais tu me trouver ? Des questions que je trouvais bêtes et futiles. Ce n’était pas le plus important.
Pourtant, pour l’occasion, j’avais décidé de marquer le coup. Je suis allée m’acheter un haut, un haut que je trouvais super beau. Je voulais me trouver femme face à toi. Non pas cette ado en surpoids, habillée en noir, le teint et le cheveu tristes. Je me voulais voluptueuse, je vais oser le mot : belle.
J’avais à cœur de corriger le passé, les images du passé en tout cas. Je n’attendais rien de particulier de cette rencontre sinon de marquer l’instant, de fermer le chapitre, peut être (secrètement) d’en ouvrir un autre. Que peut-on attendre d’autre de son meilleur ami d’adolescence ?
J’ai prévenu Meilleure amie et j’ai attendu cet appel qui n’est jamais venu. Je n’en ai pas été soulagée comme je le pensais. Il me semble que la seule personne capable de me faire cicatriser de cette période, c’était toi.
J’ai eu envie de t’envoyer "ma lettre à R." pour que tu saches et qu’enfin je sois débarrassée. Mais une fois encore, je n’ai pas osé.
Il y a parfois des rendez-vous qui méritent d’être manqués, peut être.
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