Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cloudy au pays des Nuages
Cloudy au pays des Nuages
Publicité
Archives
9 août 2010

It smells like teen spirit

J’ai eu une période gothique, avec une panoplie qui en ferait rêver plus d’un-e. Le vernis rouge foncé ou noir, une grosse croix autour du cou, l’œil charbonneux, le pull tombant jusqu’au genou sur un jean sans âge ou un pantalon noir, le tout avec une odeur chargée de patchouli (bon je passe sur les cahiers et autre agenda bardés de messages tels que les « no future » et compagnie).

J’écoutais The Cure plus que de raison et espérais rencontrer le clone de Robert Smith, lequel se damnerait d’amour pour moi. (J’alternais aussi avec Nirvana, un peu plus crasseux et moins "romantique" à mon goût).

Une courte période, quelques mois tout au plus car il m’a fallu, comme tant d’autres me fondre dans le moule lycéen, lequel assez huppé à l’époque qui ne souffrait guère ce genre de tendances. Voilà mes seuls faits d’arme en tant qu’ « adolescente ».

Je n’ai pas râlé lorsqu’on m’a annoncé que je n’aurai pas d’argent de poche et qu’il me faudrait travailler. En contrepartie, il est vrai ma mère m’a payé ma première voiture, a investi dans un ordinateur pour moi et a financé quelques unes de mes vacances.

De mon côté, je me suis immédiatement confié lorsque j’ai fumé ma première cigarette, bu un peu trop d’alcool en soirée, lorsque j’ai participé à mes premières grandes grèves lycéennes et que j’ai raté (de manière conséquente) des cours (puis redoublé). D’ailleurs, j’ai été secrètement encouragée par môman, un peu fière qu’enfin je mette en cohérence mes idées et mes actes et me bouge pour défendre mes idéaux.

En somme, rien de grandiose à accrocher au palmarès qui ferait pâlir de honte ma descendance.

C’est sans doute pour cela que lorsque la crise d’adolescence arrive à 35 ans (et des brouettes), elle est un rien déstabilisante et secoue tant l’intéressée que son entourage.

Car, je crois pouvoir le dire : c’est maintenant.

J’ai des envies de tout envoyer balader, tout recommencer, de dire merde indifféremment à mon employeur, ma famille et aux « zautres » en général. Je me verrais bien ne pas aller au travail, glandouiller dans ma chambre en me faisant les ongles des pieds (vaste programme). A moins que je ne prenne mon sac pour aller construire une école en Afrique ou devenir le porte drapeau d’une grande cause nationale.

Oui, je sais, c’est bon le rêve (oui pace que je vous ai pas dit mais je supporte difficilement la chaleur et plus encore de ne pas prendre ma douche quotidienne, alors comment dire pour l’Afrique…).

Je viderais bien ma garde robe pour des tenues moins sages et plus assumées. Côté nourriture, c’est redevenu très anarchique et je me suis même mise à boire un peu… Pour finir, j’ose enfin dire (un peu) ce que j’ai sur le cœur. Souvent sans ambage et d’une manière peu amène, je le reconnais.

Mes parents sont surpris, d’ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière j’ai eu droit à un « je ne tolère plus ton comportement » maternel, sur un ton sec avec les yeux noirs courroucés accompagnants magnifiquement le propos.

J’aurais pu dire « comme quand j’avais 15 ans ». Mais non.

Je dois désormais faire accepter à mes trop protecteurs parents que j’ai grandi, que je pense par moi-même et peux même prendre seule certaines décisions, bien plus importantes que la couleur des rideaux du salon. La transition je le sais va être difficile et va nécessiter un accompagnement lourd.

Quant à mon employeur, suite à quelques mails envoyés des jours de profonde exaspération, elle m’a renvoyé un mail pour me faire savoir qu’elle prenait note….Tout cela sans doute, pour mieux préparer mon entretien individuel au cours duquel je vais devoir m’expliquer sur les sujets divers et variés de mon courroux.

C’est comme si une peau enveloppante, celle de l’enfance et de l’adolescence justement trop longtemps portée cherchait à tomber, à se renouveler pour laisser, enfin, respirer et être quelqu’un d’autre.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
@ Anouchka<br /> Je me suis retrouvée comme une ado devant elle, toute penaude à l'idée d'avoir merdé... Et puis finalement nous avons réussi à nous parler en adulte, à convenir que notre relation change, que c'est légitime et beau aussi :))
A
Ben je trouve cela plutôt sain et salutaire, surtout si ça t'emmène vers une vie plus en accord avec tes aspirations et si cela te permet aussi de t'affranchir et de t'assumer telle que tu es !!!!<br /> Mais j'ai souris devant le rappel à l'ordre de ta maman, que nous ayons 15 ou 35 ans nous restons leurs enfants lol !!!
C
@ Ondine<br /> Un réveil, certes tardif, mais un réveil quand même :))
O
La crise d'adolescence à la trentaine, tu n'es pas seule à l'avoir vécue, surtout si la première était relativement « sage ». Et puis, au fait, de pouvoir encore s'indigner des injustices et des inepties du monde dans lequel nous vivons, je trouve ça très assumé au fond. Il y a tant d'« adultes » qui ont complètement enfoui cette part d'eux-mêmes. Je serais plutôt portée à dire: « Tu t'es réveillée. Tant mieux! »
Publicité