Un brin gi-ronde
Je regarde de loin les marronniers. Ceux qui depuis des lustres, fleurissent à la même période de l’année avec en une des sujets aussi captivants que les régimes, les maillots de bains et autres crèmes solaires.
Pour une fois, je lis sans acrimonie aucune. Je ne me mets même pas en colère lorsque je lis que la ronde «est de retour» comme il est écrit dans ce féminin renommé. Je ne me dis pas qu’on se fout de ma gueule, non je lis et je reste (presque) stoïque.
Car la ronde bien sûr, n’a pas un poil de graisse (un tout petit peu de ventre, des cuisses un peu plus fournies et encore !) et s’habille en 42. Oui tu as bien lu en 42 (on est donc autorisé à avoir une légitimité en tant que femme lorsque l’on s’habille en 42, olé !).
Ainsi, j’apprends violemment, au détour d’un article qui me montre cette belle ronde, avec de belles formes et qui s’habille en 42 que je ne suis plus ronde (ben non, moi comme Marilyn, je mets du 44), mais bien comme je le craignais une grosse. N’ayons pas peur des mots appelons un chat un chat.
A ce stade de mon post, tu penses que je vais encore râler et faire ma victime. Ben non. Même pas.
Sois pas déçu-e. Je vais quand même y aller de mon petit chapelet féministe et maudire ces magazines dits féminins qui dictent des modes à suivre, des formes physiques à adopter pour être belles, sexys, pour faire court, bandantes, parfaites. Je me demande quelle est cette société qui ne peut se doter que d’un seul et unique modèle, qui rejette toute forme de non conformité. Et surtout qui sont ces femmes qui se laissent ainsi manipuler, chosifier. Car la femme (ou plutôt la bombasse) est devenue un pur produit marketing que l’on exhibe aussi bien pour vendre du yaourt qu’une voiture.
Voilà c’est fait, j’espère que c’était pas trop long.
Je m’en défends mais mine de rien, ce type de papier (à la con) me tape sur les nerfs. Au fond, il atteint sa cible.
Il m'atteint un peu dans mon image de femme, il me déarçonne. Parce que j’ai beaucoup grossi sans doute, parce que je regarde mon corps changer, vieillir, "s’arrondir", se déformer. Nous vivons difficielement ensemble. Je le supporte plus que je ne l'accepte. Je lui trouve peu de qualités, peu d’attraits alors même que je voudrais être cette femme sexy (voire bandante, allez, ça aussi c’est fait). Mais je dois composer avec lui. Et revendiquer aussi, au delà de l’apparence (c’est un lieu commun ce que je dis là), je suis un ETRE. Je suis. Je suis bien plus que ce corps enfermant…
Difficile à faire entendre, dans cette grotesque société du paraître.